LE BAPTÊME DE L’AIR
Cette rue
autrefois on l’appelait la rue du Luxembourg
à cause du jardin
Aujourd’hui on l’appelle la rue Guynemer
à cause d’un aviateur mort à la guerre
Pourtant
cette rue
c’est toujours la même rue
c’est toujours le même jardin
c’est toujours le Luxembourg
Avec les terrasses… les statues… les bassins
Avec les arbres
les arbres vivants
Avec les oiseaux
les oiseaux vivants
Avec les enfants
tous les enfants vivants
Alors on se demande
on se demande vraiment
ce qu’un aviateur mort vient foutre là-dedans.
Jacques Prévert, Histoires (1955)
[audio:http://flesm.info/sonsdecole/2009-2010/4L1/Poèmes individuels/Gaelle.mp3]